40 minutes à patienter dans le sas, ca passe vite, le temps est agréable. 8h départ dans les rues goudronnées d'Aime, puis on commence à grimper doucement, contrairement à l'an dernier.
Ne connaissant pas les 8 premiers kilomètres (modifiés) je pars prudemment, en essayant de courir le plus possible. Au bout de presque une heure on retrouve enfin le parcours "classique" des 19 premières éditions, et là je sais que les choses sérieuses commencent. Ca monte tellement qu'il est impossible de courir à part à de très rares moments. L’an dernier cette partie m'avait un peu sapé le moral et brulé les jambes mais là ca va nettement mieux, je trottine beaucoup plus qu'en 2008.
Enfin Aime 2000, le premier palier est passé. J'y suis en un peu plus de 2h je crois. Ravito, je range ma poche raid light qui m'a emm....dé pendant 2h et repars un gel dans la main au cas où.
C'est là que je sens que ca va mieux que l'an dernier.Ca monte moins sur cette partie, j'arrive à courir là ou d'autres préfèrent marcher - question de foulée - mais ils me rattrapent quand je me mets à marcher. On arrive à roche de Mio, j'ai toujours la pêche. Je me fais plaisir dans la première descente du parcours, avant d'attaquer le glacier et ses pentes impressionnantes.
Ma montre ne marche plus depuis au moins une heure, mais je vois que je tourne mieux qu'en 2008 car je recroise les premiers beaucoup plus haut que l'an dernier. Je croise Sherpa, Brun, Barthes, Maroud mais hélas pas le coureur clermontois Martin Reyt que je voulais copieusement encourager. Il finira d'ailleurs 5e.
La montée est dure mais je sais qu'en haut commence mon salut... enfin c'est ce que je crois.
Une fois en haut, ah non c'est vrai y a encore un mur je l'avais oublié comme beaucoup de concurrents...
Donc une fois vraiment en haut je rentre en mode "chasseur". Mon seul but est de me faire plaisir dans cette descente folle, technique, pierreuse, neigeuse, et de reprendre le plus de places possibles. Je m'éclate, me dis par moments que je suis un peu fou de descendre ainsi. Je relâche un peu par instants car les XT Wings me font mal aux bouts des orteils.
Ca n'arrête pas de descendre pendant prés d'une heure et je m'éclate toujours autant même si des crampes s'annoncent...
Bon la c'est le passage le pire je crois, ca descend moins, on approche du col du Carroley au km 47 environ. Les jambes sont cassées par plus d'une heure de descente à fond pour ma part. Ca monte affreusement, tout le monde marche, lentement, très lentement.
La aussi mentalement ca passe mieux que l'an dernier, connaissance du parcours oblige.

Je laisse un dizaine de coureurs me doubler car je sais que je vais les reprendre dans la descente qui suit, comme je l'avais fait dans celle qui avait précédé. C'est chose faite ensuite, je double Michèle Leservoisier (3e féminine) à ce moment lui demandant si ca va car elle a l'air de descendre "à l'envers". Elle me dit « oui oui mais je n'aime pas descentes» ou quelque chose comme ca.
On traverse les différents étages de la Plagne. Plein d'encouragements, des gens aux balcons qui nous applaudissent, je m'envole !
Arrivée à ce que je croyais être le dernier gros ravito, le moral est bon. Je demande depuis quand on court à un gars: 5h34.

A partir de là normalement, il y n'y a plus que de la descente "pleine pente" et quelques faux plats montants...mais là ...c'est le drame ! ...
Le parcours a été rallongé et modifié, il n'y a plus beaucoup de grosses descentes comme je les adore mais une succession de faux plats montants et descendants interminables à mes yeux et à ceux d'un autre coureur qui me suit et qui râle lui aussi. Après environ 45 minutes environ à me farcir ce genre de parcours que je n'aime pas (surtout après 50 km de course), j'arrive à un ravito et la c'est le coup de grâce:

- Moi: " combien y reste? " (Espérant entendre 6, 7 km maxi)
- Le bénévole " 14 km enfin 13,7 officiellement! " (d’un air content)

Je ne veux pas croire ce que je viens d'entendre, je fuis ce ravito maudit me disant qu'il y a une erreur... enfin en moi même je sais très bien qu'il n'y en a pas et qu'il va falloir me servir des expériences longues distances pour ne pas craquer.
C'est interminable, on descend doucement, on a chaud, j'en ai marre, j'ai l'impression de faire une autre course que la 6000d, un nouveau trail comme j'en fais en Auvergne : ca monte... un peu, ca descend... un peu, c'est plat, etc...
On arrive au dernier ravito, une bénévole s'esclaffe car je me vide une bouteille d'eau sur la tronche, en disant qu'il y a des éponges pour ca. Je lui réponds un tantinet énervé que ca fait 7h que je sais qu'il y a des éponges.

Enfin en croise une route et la ca commence à sentir l'écurie. Je traine mes guêtres sur le bitume tant bien que mal. Le moral remonte et on finit par deux ou trois km le long de l'Isère, soleil de face, sur du bitume, puis dans les rues d'Aime en montée.

Je rentre en 7h25, 65ème, heureux. Pas d'hypo, pas de nausée pour une fois, tout va bien! Massage, douche, je raccompagne mon ami parisien à la gare et ensuite... soirée récup que je qualifierais de "mémorable"...

Rendez vous en 2010 si tout va bien !"  »